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SCÈNE I.

ménénius.

Bien que tous à la fois vous ne puissiez — voir ce que je fournis à chacun de vous, je puis vous prouver, par un compte rigoureux, que — je vous transmets toute la farine — et ne garde pour moi que le son. Qu’en dites-vous ?

deuxième citoyen.

— C’était une réponse. Quelle application en faites-vous ?

ménénius.

— Le sénat de Rome est cet excellent ventre, — et vous êtes les membres révoltés. Car, ses conseils et ses mesures — étant bien examinés, les affaires étant dûment digérées — dans l’intérêt de la chose publique, vous reconnaîtrez — que les bienfaits généraux que vous recueillez — procèdent ou viennent de lui, — et nullement de vous-mêmes… Qu’en pensez-vous, — vous le gros orteil de cette assemblée ?

deuxième citoyen.

— Moi, le gros orteil ! Pourquoi le gros orteil ?

ménénius.

— Parce qu’étant l’un des plus infimes, des plus bas, des plus pauvres — de cette édifiante rébellion, tu marches le premier. — Mâtin de la plus triste race, tu cours, — en avant de la même dans l’espoir de quelques reliefs. — Allons, préparez vos massues et vos bâtons les plus raides. Rome est sur le point de se battre avec ses rats. — Il faut qu’un des deux partis succombe… Salut, noble Marcius !


Entre Caïus Marcius.
marcius.

— Merci.

Aux citoyens.

De quoi s’agit-il, factieux vils — qui, à force de gratter la triste vanité qui vous démange, — avez fait de vous des galeux ?