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APPENDICE.

Qui autre amour me promettoit,
Pour me losanger le faisoit.
Léir forment se démenta[1]
Et longuement se pourpensa,
Puis vint as nés, en France alla,
À un port en Chaus arriva[2].
La reine a tant demandée
Qu’assez lui fut près indiquée,
De fors la cité s’arestut[3]
Qu’homme ni femme nel connut :
Un écuyer a envoyé
Qui à la reine a noncié
Que son père à elle venoit
Et par besoin la requerroit ;
Tout en ordre lui a conté
Comment ses filles l’ont jeté.

Cordéille comme fille fit,
Avoir, que elle avoit grand, prit.
À l’écuyer a tout livré
Si li a en conseil rové[4]
Qu’à son père Léir le porte
De par sa fille, et se conforte,
Et od l’avoir tot a célé[5],
À un châtel ou à cité
Fasse soi bien appareiller,
Paître, vêtir, laver, baigner,
De royaux vêtements s’atourne,
Et à grand honneur se séjourne,
Quarante chevaliers retienne
De maisnie qui od lui vienne[6],
Après ce fasse au roi savoir
Qu’il vienne sa fille véoir.

Quand cil eut l’avoir recueilli

  1. Léir se lamenta fortement.
  2. Puis s’embarqua, en France alla,
        Au port de Calais arriva.
  3. Hors de la cité s’arrêta.
  4. Puis l’a prié en secret.
  5. Et avec cet avoir en toute hâte.
  6. Retienne pour sa suite quarante chevaliers qui viennent avec lui.