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EXTRAIT DE LA CHRONIQUE BRETONNE.

une autre ville, et là de répandre le bruit qu’il était malade, et de le baigner, de l’habiller et de lui prodiguer tous les soins. Elle donna également ses recommandations pour qu’il eût à son service quarante hommes, bien vêtus et accoutrés, et pour que, tous les préparatifs étant terminés, il notifiât son arrivée au roi Aganippus et à sa fille. Le messager, étant vile revenu, conduisit Leir à une autre cité, et le tint caché là, jusqu’à ce qu’il eût exécuté toutes les instructions de Cordeilla.

Aussitôt que Leir fut pourvu de son appareil royal, de ses insignes et de sa suite, il envoya dire à Aganippus et à sa fille qu’il avait été chassé de son royaume de Bretagne par ses gendres et qu’il était venu dans l’intention de réclamer leur assistance pour recouvrer ses États. Sur quoi, escortés de leurs principaux ministres et de la noblesse du royaume, ils allèrent à sa rencontre, et lui firent le plus honorable accueil, et remirent entre ses mains le gouvernement entier de la Gaule, jusqu’à ce qu’il fût restauré dans sa dignité première.

Sur ces entrefaites, Aganippus envoya des officiers par toute la Gaule pour lever une armée, afin de rétablir son beau-père dans ses États de Bretagne. Cela fait, Leir retourna en Bretagne avec son fils et sa fille et les forces qu’ils avaient levées, livra bataille à ses gendres et les mit en déroute. Ayant ainsi réduit tout le royaume en son pouvoir, il mourut trois ans plus tard. Aganippus mourut aussi ; et Cordeilla, ayant pris le gouvernement du royaume, ensevelit son père dans une crypte qu’elle fit préparer pour lui sous la rivière Sore, à Leicester, et qui, dans l’origine, avait été construite sous terre en honneur de Janus Bifrons.

Après avoir gouverné paisiblement pendant cinq ans, Cordeilla dut faire face à la révolte des deux fils de ses deux sœurs, jeunes gens de grande vaillance, l’un, fils