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NOTES.

— Vous, Edgar, guidez jusqu’ici — votre père que vous disiez être aux environs.

Sort Edgar.


Entrent Kent et le chevalier.
lear.

— Qui êtes-vous ? — Mes yeux ne sont pas des meilleurs, je vous le dis nettement. — Oh ! Albany !… Allons, monsieur, nous sommes vos captifs, — et vous êtes venu nous voir mourir. — Pourquoi ce délai ?… Est-ce le bon plaisir de Votre Altesse — que nous subissions d’abord la torture ? Est-ce là votre décision ? — Eh bien, voici le vieux Kent et moi, un couple inflexible — comme jamais tyran n’en frappa… Mais ma Cordélia, — ma pauvre Cordélia… Oh ! pitié pour elle !

albany.

Majesté outragée, — la roue de la fortune a maintenant achevé sa révolution, — et les bénédictions d’en haut s’interposent encore entre la tombe et toi.

lear.

— Veux-tu donc, maître inhumain, nous ouvrir — le paradis d’une folle espérance, pour rendre ensuite — notre fin plus misérable ? Va, nous sommes trop — familiers avec l’infortune pour nous laisser duper — par un espoir menteur. Non, nous ne voulons plus espérer.

albany.

— J’ai à révéler une histoire si étonnante — qu’il est difficile d’y ajouter foi ; — mais, par ta royale tête outragée, c’est la vérité.

kent.

— Que veut dire Votre Altesse ?

albany.

— Apprenez que le noble Edgar — a, depuis la bataille, accusé lord Edmond de haute trahison — et l’a défié à l’épreuve d’un combat singulier. — Les dieux ont confirmé son accusation par la victoire, — et je viens de laisser le traître mortellement blessé.

lear.

— Et où tend ce récit ?

albany.

— Avant qu’ils combattissent, — lord Edgar a remis entre mes mains ce papier, — le plus ténébreux grimoire de trahison et de luxure — qu’on puisse trouver dans les archives de l’enfer. — Tenez, auguste seigneur, regardez ! C’est l’écriture de Goneril, la fille infâme, — mais l’épouse plus vicieuse encore.