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SCÈNE XXVI.

le héraut, à Edgar.

Qui êtes-vous ? — Votre nom, votre qualité ? Et pourquoi répondez-vous, — à la première sommation ?

edgar.

Sache que mon nom est perdu : — la dent de la trahison l’a rongé et gangrené ; — pourtant je suis noble, autant que l’adversaire — avec qui je viens me mesurer.

albany.

Quel est cet adversaire ?

edgar.

— Quel est celui qui parle pour Edmond, comte de Glocester ?

edmond.

— Lui-même : qu’as-tu à lui dire ?

edgar.

Tire ton épée, — afin que, si mes paroles offensent un noble cœur, — ton bras puisse te faire réparation.

Il tire son épée.

Voici la mienne. — Apprends que j’exerce ici le privilége de mon rang, — de mon serment et de ma profession ; j’atteste, — malgré ta force, ta jeunesse, ton titre et ta grandeur, — en dépit de ton épée victorieuse, de ta fortune incandescente, — de ta valeur et de ton cœur, que tu es un traître, — fourbe envers les dieux, envers ton frère, envers ton père, — conspirant contre ce haut et puissant prince.

Il montre Albany.

— Un traître depuis l’extrême sommet de la tête — jusqu’à la poussière tombée sous tes pieds, — un traître à bave de crapaud. Si tu dis : non, — cette épée, ce bras et mon plus ardent courage devront — te prouver, par ta gorge à qui je m’adresse, — que tu en as menti.

edmond.

En bonne sagesse, je devrais te demander ton nom ; — mais, puisque ton aspect est à ce point fier et martial, —