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SCÈNE XXIII.

SCÈNE XXIII.
[Une tente dans le camp français.]
Au fond de la scène, Lear est sur un lit, endormi ; un médecin, un gentilhomme et des serviteurs sont auprès de lui. Musique. Entrent Cordélia et Kent.
cordélia.

— Ô mon Kent, comment pourrais-je vivre et faire assez — pour être à la hauteur de ton dévouement ? Ma vie sera trop courte, — et toute ma gratitude impuissante.

kent.

— Un service ainsi reconnu, madame, est déjà trop payé. — Tous mes récits sont conformes à la modeste vérité : — je n’ai rien ajouté, rien retranché, j’ai tout dit.

cordélia.

Prends un costume plus digne de toi. — Ces vêtements rappellent des heures trop tristes ; je t’en prie, quitte-les.

kent.

Pardonnez-moi, chère madame. — Révéler déjà qui je suis, ce serait gêner mon projet. — Faites-moi la grâce de ne pas me connaître, — avant le moment fixé par les circonstances et par moi.

cordélia.

— Soit, mon bon seigneur !

Au médecin.

Comment va le roi ?

le médecin.

— Madame, il dort toujours.

cordélia.

Ô dieux propices ! — réparez la vaste brèche faite à sa nature accablée ! — Oh ! remettez en ordre les idées faussées et discordantes — de ce père redevenu enfant !