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LE ROI LEAR.

glocester.

Allez ! ne dites rien. Il y a division entre les ducs, et il y a pis que cela. J’ai reçu ce soir une lettre… Il est dangereux seulement d’en parler… Cette lettre, je l’ai serrée dans mon cabinet. Les injures que le roi essuie maintenant seront pleinement vengées ; déjà une armée est en partie débarquée. Nous devons tenir pour le roi. Je vais le chercher et le secourir secrètement. Allez, vous, tenir conversation avec le duc, qu’il ne s’aperçoive pas de ma charité. S’il me demande, je suis malade et au lit. Dussé-je subir la mort dont on m’a menacé, le roi, mon vieux maître, doit être secouru. Quelque étrange événement se prépare, Edmond. Je vous en prie, soyez circonspect.

Il sort.
edmond.

— Cette courtoisie qui t’est interdite, je vais — sur-le-champ en parler au duc, ainsi que de cette lettre… Ce beau service prétendu me fera gagner — ce que mon père va perdre, oui, tout ce qu’il possède. — Les jeunes s’élèvent quand les vieux tombent.

Il sort.

SCÈNE XIII.
[Sur la bruyère. Devant une hutte.]
La tempête continue. Entrent Lear, Kent et le fou.
kent, montrant la hutte.

— Voici l’endroit, monseigneur : mon bon seigneur, entrez. — La tyrannie à plein ciel de la nuit est trop rude — pour qu’une créature puisse la supporter.

lear, la main sur son cœur.

Laissez-moi !