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LE ROI LEAR.

vous faisant connaître ces abus, — en assurer le redressement ; mais maintenant j’ai grand’peur, — vous voyant si lent à parler et à agir, — que vous ne les autorisiez et ne les couvriez — de votre tolérance. Si cela était, un pareil tort — n’échapperait pas à la censure, et l’on aurait recours à des remèdes — qui, appliqués dans un état salutaire, — pourraient vous blesser, — mais qui, dans une situation autre, seraient une humiliation justifiée par la nécessité — comme un acte de sagesse.

le fou.

Car vous savez, m’n oncle

Fredonnant.

Le passereau nourrit si longtemps le coucou
Qu’il eut la tête arrachée par ses petits.

« Sur ce, s’éteignit la chandelle et nous restâmes à tâtons ! »

lear, à Goneril.

Êtes-vous notre fille ?

goneril.

— Je voudrais que vous fissiez usage du bon sens — dont je vous sais pourvu : débarrassez-vous donc — de ces humeurs qui depuis peu vous rendent tout autre — que ce que vous devez être. —

le fou.

L’âne peut-il pas savoir quand la charrette remorque le cheval ? Hue, Aliboron ! je t’aime.

lear.

— Quelqu’un me reconnaît-il ici ? Bah ! ce n’est point Lear. — Est-ce ainsi que Lear marche, ainsi qu’il parle ? Où sont ses yeux ? — Ou sa perception s’affaiblit, ou son discernement — est une léthargie… Lui ! éveillé ! Cela n’est pas… — Qui est-ce qui peut me dire qui je suis ?