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SCÈNE I.


Rentre Glocester, accompagné du roi de France, du duc de Bourgogne et de leur suite.
glocester, à Lear.

— Voici les princes de France et de Bourgogne, mon noble seigneur.

lear.

— Messire de Bourgogne, — nous nous adressons d’abord à vous qui, en rivalité avec ce roi, — recherchez notre fille. Que doit-elle — au moins vous apporter en dot, — pour que vous donniez suite à votre requête amoureuse ?

le duc de bourgogne.

Très Royale Majesté, — je ne réclame rien de plus que ce qu’a offert Votre Altesse ; — et vous n’accorderez pas moins.

lear.

Très noble Bourguignon, — tant qu’elle nous a été chère, nous l’avons estimée à ce prix ; — mais maintenant sa valeur est tombée. La voilà devant vous, messire ; — si quelque trait de sa mince et spécieuse personne, — si son ensemble, auquel s’ajoute notre défaveur — et rien de plus, suffit à charmer Votre Grâce, — la voilà : elle est à vous.

le duc de bourgogne.

Je ne sais que répondre.

lear.

— Telle qu’elle est, messire, avec les infirmités qu’elle possède, — orpheline nouvellement adoptée par notre haine, — dotée de notre malédiction et reniée par notre serment, — voulez-vous la prendre, ou la laisser ?

le duc de bourgogne.

Pardonnez-moi, royal sire : — un choix ne se fixe pas dans de telles conditions.

lear.

— Laissez-la donc, seigneur : car, par la puissance qui m’a donné l’être ! — je vous ai dit toute sa fortune.