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CORIOLAN.

lacéré d’éclairs les vastes joues de la nue, — décharge de ta foudre un coup — à peine capable de fendre un chêne !… Que ne parles-tu pas ? — Estimes-tu qu’il soit convenable à un grand personnage — de se souvenir toujours des injures ?…

À Virgilie.

Ma fille, parlez : — il ne se soucie pas de vos larmes.

Au jeune Marcius.

Parle, garçon : — peut-être ton enfantillage parviendra-t-il à l’émouvoir — plus que nos raisons.

Montrant Coriolan.

Il n’est pas au monde de fils plus — redevable à sa mère ; et pourtant il me laisse pérorer — comme une infâme aux ceps !… Jamais de ta vie, — tu n’as montré d’égards pour ta chère mère, — elle qui, pauvre poule, sans souci d’une autre couvée, — t’a de ses gloussements dirigé à la guerre et ramené, — chargé de gloire ! Si ma requête est injuste, dis-le — et chasse-moi ; mais, si elle ne l’est pas, — tu manques à l’honneur, et les dieux te châtieront — de m’avoir refusé l’obéissance — qui est due à une mère… Il se détourne. — À genoux, femmes ! humilions-le de nos génuflexions ! — Le surnom de Coriolan lui inspire plus d’orgueil — que nos prières de pitié. À genoux ! finissons-en ! — À genoux pour la dernière fois ! Après quoi nous retournerons à Rome — mourir au milieu de nos voisins !… Voyons, regarde-nous ! — Cet enfant qui ne peut pas dire ce qu’il voudrait, — mais qui s’agenouille et te tend les mains, à notre exemple, — a plus de force pour appuyer notre supplique — que tu n’en as pour la repousser…

Se relevant.

Allons, partons. — Ce compagnon eut une Volsque pour mère ; — sa femme est de Corioles, et cet enfant — lui ressemble par hasard… Va, débarrasse-toi de nous ! — Je veux me taire jusqu’à ce que notre ville soit en flammes, — et alors on entendra ma voix !