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LES DEUX GENTILSHOMMES DE VÉRONE.

VALENTIN.

— Comme à toi, ici ! Et sur ce, adieu.

Valentin sort.
PROTÉE.

— Il est en chasse d’honneur, moi en chasse d’amour. — Il abandonne ses amis pour les enorgueillir davantage ; — moi j’abandonne tout, mes amis et moi-même, pour l’amour. — Ah ! Julia, c’est toi qui m’as métamorphosé, — qui m’as fait négliger mes études, perdre mon temps, — combattre les meilleurs conseils, mettre le monde à néant ; — c’est ta faute si mon esprit est épuisé de rêverie et mon cœur malade d’anxiété.

Entre Diligence.
DILIGENCE.

— Seigneur Protée, salut ! Avez-vous vu mon maître ?

PROTÉE.

— Il vient justement de partir afin de s’embarquer pour Milan.

DILIGENCE.

— Vingt contre un qu’il est déjà à bord ! — Et moi qui ne fais que bêler après lui depuis que je l’ai perdu !

PROTÉE.

— Le bélier s’égare fort souvent — quand le berger n’est plus là. —

DILIGENCE.

Vous concluez donc que mon maître est un berger, et moi un bélier ?

PROTÉE.

Oui.

diligence.

Alors, mes cornes sont ses cornes, que je dorme ou que je veille.