Je le voudrais certes, à mains que tu ne fusses laide. Car la vertu accouplée à la beauté, c’est le miel servant de sauce au sucre.
Fou profond !
Eh bien, je ne suis pas jolie, et conséquemment je prie les dieux de me rendre vertueuse.
Oui, mais donner la vertu à un impur laideron, c’est servir un excellent mets dans un plat sale.
Je ne suis pas impure, bien que je sois laide. Dieu merci !
C’est bon, les dieux soient loués de la laideur ! L’impureté a toujours le temps de venir… Quoi qu’il en soit, je veux t’épouser, et à cette fin j’ai vu sire Olivier Gâche-Texte, le vicaire du village voisin, qui m’a promis de me rejoindre dans cet endroit de la forêt et de nous accoupler.
Je serais bien aise de voir cette réunion.
Allons, les dieux nous tiennent en joie !
Amen !… Certes un homme qui serait de cœur timide pourrait bien chanceler devant une telle entreprise ; car ici nous n’avons d’autre temple que le bois, d’autres témoins que les bêtes à cornes. Mais bah ! Courage ! Si les cornes sont désagréables, elles sont nécessaires. On dit que bien des gens ne savent pas la fin de leurs fortunes ; c’est vrai : bien des gens ont de bonnes cornes et n’en