Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 8.djvu/266

Cette page a été validée par deux contributeurs.
262
LE MARCHAND DE VENISE.

gratiano.

— Une hart gratis, rien de plus, au nom du ciel !

antonio.

— Que monseigneur le doge et toute la cour daignent — lui abandonner sans amende la moitié de ses biens. — Je consens ; pourvu qu’il me prête — à intérêt l’autre moitié, à la restituer, — après sa mort, au gentilhomme — qui dernièrement a enlevé sa fille. — À cette faveur deux conditions : l’une, — c’est qu’il se fera chrétien sur-le-champ ; — l’autre, c’est qu’il fera donation, par acte passé — devant la cour, de tout ce qu’il possédera en mourant — à son fils Lorenzo et à sa fille.

le doge.

— Il fera cela, ou je révoque — la grâce que je viens de lui accorder.

portia.

— Y consens-tu, juif ? Que dis-tu ?

shylock.

— J’y consens.

portia.

Clerc, dressez l’acte de donation.

shylock.

— Je vous prie de me laisser partir d’ici : — je ne suis pas bien. Envoyez-moi l’acte, — et je le signerai.

le doge.

— Pars, mais ne manque pas de signer.

gratiano.

— À ton baptême, tu auras deux parrains. — Si j’avais été juge, tu en aurais eu dix de plus — pour te mener, non au baptistère, mais à la potence (22) !

Sort Shylock.
le doge, à Portia.

— Monsieur, je vous conjure de venir dîner chez moi.

portia

— Je demande humblement pardon à Votre Grâce : —