Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 8.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
LE MARCHAND DE VENISE.

bassanio.

Avez-vous jamais entendu contester cela ?

shylock.

Oh ! non, non, non, non. Quand je dis qu’il est bon, je veux dire qu’il est solvable. Mais ses ressources sont exposées ; il a un galion en route pour Tripoli, un autre pour les Indes. De plus, j’apprends sur le Rialto qu’il en a un troisième pour Mexico, un quatrième pour l’Angleterre, et d’autres encore aventurés dans de lointaines spéculations. Mais les navires ne sont que des planches, les matelots que des hommes. Il y a des rats de terre et des rats d’eau, des voleurs de terre et des voleurs d’eau, je veux dire des pirates ; et puis il y a le danger des eaux, des vents, et des rocs. L’homme est néanmoins solvable. Trois mille ducats ?… Je crois que je peux prendre son billet.

bassanio.

Soyez assuré que vous le pouvez.

shylock.

Je veux en être assuré ; et c’est pour m’en assurer que je veux réfléchir… Puis-je parler à Antonio ?

bassanio.

Si vous voulez dîner avec nous.

shylock.

Oui, pour sentir le porc, pour manger de la demeure où votre prophète, le Nazaréen, a évoqué le diable ! Je veux bien acheter avec vous, vendre avec vous, causer avec vous, cheminer avec vous, et ce qui s’ensuit ; mais je ne veux pas manger avec vous, boire avec vous, ni prier avec vous… Quelles nouvelles au Rialto ?… Qui vient ici ?