pourrions-nous faire pour amener la donzelle à oublier — l’amour de Valentin et à aimer sire Thurio ?
— Le meilleur moyen est de taxer Valentin — de fausseté, de couardise et de roture : — trois choses que les femmes haïssent profondément.
— Oui, mais elle croira que c’est la haine qui parle.
— Oui, si c’est un ennemi de Valentin qui affirme la chose. — Aussi faut-il qu’elle soit dite, avec des détails probants, — par quelqu’un qu’elle regarde comme son ami.
— Eh bien, vous-même, chargez-vous de le calomnier.
— Ah ! c’est à quoi je répugne, monseigneur. — C’est un vilain rôle pour un gentilhomme ; — spécialement contre un ami intime !
— Puisque vos éloges ne sauraient le servir, — vos calomnies ne sauraient lui faire tort. — Prenez donc ce rôle sans scrupule, à la prière de votre ami.
— Vous m’avez décidé, monseigneur. Si je puis y réussir — par une médisance quelconque, — elle cessera bientôt de l’aimer. — Mais, en admettant que je déracine son amour pour Valentin, — il ne s’ensuit pas qu’elle aimera sire Thurio.
— Aussi, quand vous déviderez son amour, — de peur qu’il ne s’embrouille et ne soit plus bon à rien, — vous devez avoir soin de le pelotonner sur moi : — ce qui doit