Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 8.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
110
LES DEUX GENTILSHOMMES DE VÉRONE.

lance.

Tu n’obtiendras jamais de moi un pareil secret, si ce n’est par parabole.

diligence.

Ça m’est égal, si je l’obtiens ainsi. Mais que dis-tu de ceci, Lance ? mon maître est fou éperdu.

lance.

Je ne l’ai jamais connu autrement.

diligence.

Que quoi ?

lance.

Que fou et que perdu, comme tu le dis fort bien.

diligence.

Ah çà, fils de putain, âne que tu es, tu ne m’entends pas !

lance.

Ah çà, imbécile, ce n’est pas toi que j’entends, c’est ton maître.

diligence.

Je te dis que mon maître est amoureux éperdu.

lance.

Eh bien ! je te dis que ça m’est égal qu’il se perde par amour. Allons, viens avec moi prendre la bière au cabaret ; si tu refuses, tu es un hébreu, un juif, et tu n’es pas digne d’une terre chrétienne.

diligence.

Pourquoi ?

lance.

Parce que tu n’auras pas été assez charitable pour avoir la bière en compagnie d’un chrétien. Veux-tu venir ?

diligence.

À ton service !

Ils sortent.