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LES PLAINTES D’UNE AMOUREUSE


I

Couché au haut d’une colline dont la gorge profonde répétait le récit plaintif d’une vallée sœur, je suivais ce duo avec une attention concentrée, et j’en écoutais le triste refrain, quand tout à coup j’aperçus une étrange fille toute pâle, qui déchirait des papiers, brisait des bagues en deux, et déchaînait sur toute sa personne la pluie et le vent du désespoir.

II

Sur sa tête était comme une ruche de paille tressée qui lui garantissait le visage du soleil ; en la regardant alors, on aurait pu s’imaginer entrevoir le squelette d’une beauté usée et finie. Mais le temps n’avait pas fauché en elle toute jeunesse, et la jeunesse ne l’avait pas toute quittée ; au contraire, en dépit de la rage terrible du ciel, quelque beauté perçait encore à travers le treillis de ses rides hâtives.

III

Maintes fois, elle portait à ses yeux un mouchoir sur lequel étaient imprimés des dessins de fantaisie, et elle