éteintes par de mortelles angoisses. Il n’a pas la force de lui demander ce qu’elle éprouve ; mais tous deux restent immobiles, comme de vieilles connaissances surprises de se rencontrer loin de chez elles et stupéfaites de ce hasard.
CCXXIX
Enfin, il la prend par la main, cette main livide, et commence ainsi : « Quel étrange malheur t’est-il arrivé, que tu restes ainsi tremblante ? Doux amour, quel est le chagrin qui a dévoré tes belles couleurs ? Pourquoi es-tu ainsi vêtue de deuil ? Chère, chère, démasque cette sombre affliction, et dis-nous ta souffrance, que nous puissions y porter remède. »
CCXXX
Trois fois elle allume par des soupirs le feu de sa douleur, avant de pouvoir décharger une parole de désespoir. Enfin, dès qu’elle est en état de répondre à la demande de son mari, elle se prépare timidement à révéler comment son honneur a été fait prisonnier par l’ennemi, pendant que Collatin et ses nobles compagnons prêtent à ses paroles une anxieuse attention.
CCXXXI
Et voilà ce pâle cygne qui, dans son nid humide, entonne le triste chant de sa fin imminente : « Quelques mots, dit-elle, doivent suffire à l’aveu d’un attentat que ne peut pallier aucune excuse. J’ai maintenant plus de douleurs que de paroles, et mes malheurs seraient trop longs à exposer si cette pauvre voix fatiguée devait les raconter tous.