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LE VIOL DE LUCRÈCE.

CXXVII

» Tu obliges la vestale à violer son serment ; tu attises la flamme à laquelle fond la tempérance. Tu étouffes l’honnêteté, tu immoles la foi ! Noire recéleuse, entremetteuse notoire, tu sèmes la calomnie et du déracines la louange Corruptrice, traîtresse, fourbe, voleuse, ton miel se change en fiel, ta joie en douleur !

CXXVIII

» Tes jouissances secrètes aboutissent à une ignominie éclatante ; tes orgies intimes à un jeûne public ; tes titres caressants à un nom qu’on déchire ; tes paroles sucrées au plus amer arrière-goût. Tes vanités violentes ne sauraient durer. Comment donc se fait-il, infâme occasion, qu’étant si mauvaise, tu sois recherchée de tant de gens ?

CXXIX

» Quand seras-tu l’amie de l’humble suppliant, et lui feras-tu obtenir sa demande ? Quand fixeras-tu un terme à ses longues luttes ? Quand délivreras-tu cette âme que la misère a enchaînée ? Quand donneras-tu le remède au malade, le bien-être au souffrant ? Le pauvre, le boiteux, l’aveugle, se traînent, rampent, crient après toi, mais jamais ne rencontrent l’occasion.

CXXX

» Le patient meurt pendant que le médecin dort ; l’orphelin pâtit tandis que l’oppresseur mange ; la justice fait bombance tandis que la veuve pleure ; les conseils