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LE VIOL DE LUCRÈCE.

repartit secrètement, et fut (conformément à son rang) royalement reçu et logé par Lucrèce à Collatium. — La même nuit il se glisse traîtreusement dans sa chambre, la viole et s’enfuit de grand matin. Lucrèce, dans ce lamentable état, dépêche vite deux messagers, l’un à Rome vers son père, l’autre au camp vers Collatin. — Le père et Collatin arrivent, l’un accompagné de Junius Brutus, l’autre de Publius Valerius, et, trouvant Lucrèce vêtue de deuil, lui demandent la cause de sa douleur. Elle, tout d’abord, leur fait jurer de la venger, dénonce le coupable et tous les détails de son forfait, et immédiatement se poignarde. — Sur ce, d’une voix unanime, tous font vœu d’exterminer tout entière la famille abhorrée des Tarquins ; ils emportent le cadavre à Rome ; Brutus fait connaître au peuple le criminel et les détails de son crime infâme, terminant par d’amères invectives contre la tyrannie du roi. Le peuple en fut tellement ému que l’exil de tous les Tarquins fut décrété par acclamation générale, et le gouvernement transféré des rois aux consuls.