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APPENDICE.

par laquelle il bannit d’Angleterre le comte d’Erby jusques à dix ans, et le comte maréchal à jamais.


Ne demeura guère de temps après ces paroles démontrées au roi, que le roi assembla grand nombre de prélats et hauts barons d’Angleterre, et le fit venir en Elten (Eltham). Quand ils furent tous venus, par le conseil qu’il eut, il mit ses deux oncles delez lui (les ducs de Lanclastre et d’Iorck), les comtes de Northombellande, de Salberry, de Hostidonne, et les plus grands de son royaume, lesquels étaient là pour la journée : et aussi y avaient été mandés le comte d’Erby et le comte maréchal : qui y étaient venus : et avaient chacun sa chambre et ordonnance, car point n’était ordonné qu’ils fussent l’un devant l’autre. Le roi montra qu’il voulait être moyen entre eux, et que moult fort lui déplaisaient les paroles qui dites avaient été. Si voulait que de tout point ils se soumissent à son ordonnance, et ordonna là au connétable d’Angleterre et à quatre hauts barons qu’ils allassent devers le comte d’Erby et le comte maréchal, et les fissent obliger pour tenir tout ce qu’il en ordonnerait. Les dessus nommés vinrent devers les deux comtes et leur remontrèrent la parole du roi. Tous deux s’obligèrent à tenir ce que le roi ordonnerait en la présence de ceux qui là étaient. Adonc dit le roi :

— Je dis et ordonne que le comte maréchal (pour la cause qu’il a mis ce pays en trouble, et ému et élevé paroles dont il n’est connaissance, fors par ce qu’il a donné à entendre) ordonne ses besognes et vide le royaume d’Angleterre, et en soit banni par telle manière que jamais n’ait espérance d’y retourner. Après, je dis et ordonne que le comte d’Erby, notre cousin (pour la cause de ce qu’il nous a courroucé, et qu’il est cause, en aucune manière, de ce péché et condamnation