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SCÈNE IV.

gnent faire honneur au métier, et qui, si l’on examinait les choses de trop près, se chargeraient, pour leur propre crédit, de tout arranger. Je ne suis pas associé avec des va-nu-pieds, des porteurs de gourdin, assommeurs à six pennys, avec des buveurs de bière forcenés, moustachus et pourpres ; mais avec tout ce qui est noble et tranquille, avec des bourgmestres et de grands propriétaires, gens de consistance, plus disposés à frapper qu’à parler, à parler qu’à boire, et à boire qu’à prier. Et pourtant je me trompe, mordieu ! car ils sont continuellement occupés à prier leur patronne, la fortune publique ; à la prier ? non, je veux dire à la piller ; car ils ne cessent de lui courir sus pour en rembourrer leurs bottes.

le garçon.

S’ils sont ainsi chaussés de la fortune publique, j’ai grand’peur que leurs bottes ne prennent l’eau dans un vilain chemin.

gadshill.

Nullement, nullement ; c’est la justice elle-même qui les cire. Nous volons aussi sûrement que dans un château fort ; nous avons la recette de la graine de fougère, nous marchons invisibles (36).

le garçon de taverne.

Ah ! ma foi, je crois que c’est à la nuit, plutôt qu’à la graine de fougère, que vous devez d’être invisibles.

gadshill.

Donne-moi la main : tu auras une part dans nos acquêts, foi d’homme vrai.

le garçon de taverne.

Non, promets-la-moi plutôt foi de voleur faux.

gadshill.

Allons donc ! homo est un nom commun à tous les hommes. Dis au palefrenier d’amener mon cheval hongre de l’écurie. Adieu, maraud fangeux.

Ils sortent.