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SCÈNE VII.

— à prendre avantage d’une auguste absence — pour troubler par une guerre intestine notre paix nationale.


Entrent York et son escorte.
bolingbroke.

— Je n’aurai pas besoin de transmettre par vous ma réponse ; — voici venir Sa Grâce en personne… Mon noble oncle !

Il s’agenouille.
york.

— Ah ! fais plier ton cœur plutôt que ce genou, — dont l’hommage est hypocrite et trompeur.

bolingbroke.

— Mon gracieux oncle !…

york.

Bah ! bah ! — ne me qualifie pas de grâce ni d’oncle ! — Je ne suis pas l’oncle d’un traître ; et ce mot grâce — dans une bouche impie n’est que profane. — Pourquoi ces pieds bannis et proscrits — ont-ils osé toucher la poussière du sol de l’Angleterre ? — Pourquoi, pourquoi ont-ils osé franchir — tant de milles sur son sein pacifique, — effrayant ses pâles hameaux par l’appareil de la guerre — et par l’ostentation d’une méprisable prise d’armes ? — Es-tu venu parce que l’oint du seigneur, le roi, est absent ? — Eh ! fol enfant, le roi est resté ici, — et son autorité réside dans mon cœur loyal. — Si j’avais encore autant de fougueuse jeunesse — qu’au temps le brave Gand, ton père, et moi, — nous dégagions le Prince Noir, ce jeune Mars de l’humanité, — des rangs de plusieurs milliers de Français, — oh ! comme ce bras, — maintenant prisonnier de la paralysie, t’aurait vite châtié ! — comme il t’aurait vite administré la correction de ta faute !