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RICHARD II.

richard.

— Il est notre cousin, cousin ; mais il est douteux, — quand le temps le rappellera de l’exil, — que notre parent revienne voir sa famille. — Nous-même, et Bushy, et Bagot que voici, et Green, — nous avons remarqué sa courtoisie envers les gens du peuple, — par quelle humble et familière révérence — il semblait plonger dans leurs cœurs, — que de respects il prostituait à ces manants, — gagnant de pauvres artisans par l’artifice de ses sourires — et par son édifiante soumission aux rigueurs de son sort, — comme s’il eût voulu emporter leurs affections dans l’exil ! — Il ôtait son chapeau à une marchande d’huîtres ! — Deux haquetiers lui criaient : Dieu vous conduise ! — et obtenaient le tribut de son souple genou — avec des merci, mes compatriotes, mes chers amis. — Comme si l’Angleterre lui appartenait par réversion, — et qu’il fût le plus prochain espoir de nos sujets !

green.

— C’est bon, il est parti, et avec lui disparaissent toutes ces idées. — Songeons maintenant aux rebelles qui surgissent en Irlande. — Il faut faire diligence, mon seigneur ; — ne leur laissons pas trouver de nouvelles ressources dans de nouveaux retards, — aussi utiles pour eux que funestes à Votre Altesse.

richard.

— Nous irons en personne à cette guerre. — Et, comme nos coffres, grâce à une cour trop somptueuse — et à de trop généreuses largesses, se sont quelque peu allégés, — nous sommes forcé d’affermer notre domaine royal, — dont le revenu doit subvenir à nos besoins — pour les affaires urgentes. Si cela ne suffit pas, — nos délégués auront des blancs seings — sur lesquels ils inscriront tous les gens riches, connus d’eux, — pour de larges sommes