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TIMON D'ATHÈNES.

avoir un travers… Qu’ils voudraient que tout fût bien !… C’est dommage ! » Et sur ce, prétextant des affaires sérieuses, — après avoir accompagné de regards malveillants ces phrases hachées, — avec des demi-saluts et de froids hochements de tête, — ils ont glacé la parole sur mes lèvres.

timon.

Ô dieu, récompensez-les ! — Je t’en prie, rassure-toi, mon cher ; chez ces vieux compères — l’ingratitude est héréditaire : — leur sang est figé, froid, il coule à peine. — S’ils ne sont pas bons, c’est faute de la bonne chaleur ; — la créature, comme elle retourne vers la terre, — s’accommode pour le voyage en devenant apathique et inerte.

À un serviteur.

— Allez chez Ventidius.

À Flavius.

Ne sois pas triste, je t’en prie, — tu es loyal et honnête, je parle franchement, — tu ne mérites aucun blâme.

Aux serviteurs.

Ventidius a dernièrement — enterré son père ; et cette mort l’a mis en possession — d’une grande fortune : quand il était pauvre, — emprisonné et à court d’amis, — je l’ai tiré d’affaire avec cinq talents. Va le saluer de ma part ; — donne-lui à entendre qu’une grave nécessité — oblige son ami à implorer la restitution — de ces cinq talents.

À Flavius.

Dès qu’on les aura, remets-les à ces gens — qui réclament leur dû. Garde-toi de dire ou de croire — que la fortune de Timon peut sombrer au milieu de ses amis.

flavius.

— Je voudrais pouvoir ne pas le croire. Cette pensée est répulsive à un bon cœur ; — généreux lui-même, il croit tous les autres généreux.

Ils sortent.