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SCÈNE II.

dressé exprès pour Sémiramis. — Dis que tu veux te promener : nous tapisserons la route ! — Veux-tu monter à cheval ? nous mettrons à tes palefrois — leurs harnais tout chamarrés d’or et de perles ! — Aimes-tu la fauconnerie ? tu as des faucons dont l’essor — est plus haut que celui de l’alouette matinale ! — Préfères-tu la vénerie ? — ta meute va faire résonner le firmament — et évoquer l’écho strident des cavernes !

PREMIER VALET.

— Dis que tu veux une chasse à courre : tes lévriers sont aussi rapides — que le cerf à longue haleine et plus lestes même que la biche.

DEUXIÈME VALET.

— Aimes-tu les tableaux ? nous t’irons chercher sur le-champ — un Adonis au bord d’un ruisseau — et une Vénus cachée dans les roseaux, — que son souffle semble remuer et agacer, — juste comme le vent joue avec les roseaux houleux.

LE LORD.

— Nous te montrerons Io, au moment où, vierge encore, — elle fut séduite et surprise ; — la peinture est si vivante qu’on croirait voir la chose,

TROISIÈME VALET.

— Ou bien Daphné, errant à travers un fourré d’épines — et s’écorchant les jambes ; vous jureriez vraiment qu’elle saigne — et qu’à cette vue Appollo désolé pleure, — tant le sang et les larmes sont peints artistement !

LE LORD.

— Tu es un lord et rien qu’un lord ; — tu possèdes une lady bien plus belle — que toutes les femmes de cet âge dégénéré.

PREMIER VALET.

— Avant que les larmes qu’elle a versées pour toi —