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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE, ETC.

Dans cette farce, résumé naïf de la légende humaine, toutes les grandes traditions se trouvaient représentées : la tradition grecque, par Hector et par Alexandre ; la tradition romaine, par César ou par Pompée  ; la tradition judaïque, par Josué, par David et par Judas Machabée ; la tradition celtique, par le roi Arthur ; enfin, la tradition germanique, par Charlemagne et par Godefroy de Bouillon, le chef de la première croisade. Shakespeare a modifié d’une façon curieuse la composition de l’héroïque cénacle : il a substitué Hercule à Arthur. Cette substitution semble donner force à la conjecture qui ne voudrait voir qu’un seul et même personnage dans le fils de Jupiter et dans le bâtard d’Uther. Il est certain qu’il y a entre l’histoire du demi-dieu et celle du roi breton des analogies frappantes ; Arthur a été protégé par Merlin aussi efficacement qu’Hercule par Mercure ; l’un a été trahi par Genièvre comme l’autre par Déjanire.

(49) Quand le grand Pompée paraissait avec son costume héraldique, il portait sur la genouillère une figure de léopard.

(50) Une estampe coloriée du quinzième siècle, qu’on peut voir à la Bibliothèque nationale, en tête d’un manuscrit du fonds de Colbert, représente Alexandre chevauchant sous un portique roman, entre Hector et Julius Cæsar. Le roi de Macédoine, couronné d’or et bardé de fer, brandit de la main droite une lance, et de la gauche, son écu traditionnel. Cet écu porte, sur champ de gueules, un lion d’or séant en une chaise et accosté d’une masse d’argent. Ce sont ces armes avec lesquelles paraît Holopherne et qui provoquent les lazzis de Trogne.

(51) Dans l’argot d’alors, le filou était un Troyen ; dans l’argot de nos jours, il a passé à l’ennemi et s’est fait Grec.



fin des notes.