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NOTES.

FERANDO.

— Si richement, vous devriez dire mon père. — En effet, quand nous serons mariés, ma femme et moi, — c’est une telle mégère que, si une fois nous nous querellions, — elle arracherait par dessus mes oreilles mes plus sompteux vêtements, — et voilà pourquoi je me suis ainsi habillé provisoirement — Je puis vous le dire, j’ai dans la tête bien des choses — qui ne doivent être connues que de Cateau et de moi — Je suis résolu à ce que nous vivions comme le lion et la brebis. — Non, la brebis qui tomberait dans les pattes du lion — ne lui serait pas plus soumise — qu’à moi Cateau, dès que nous serons mariés — Ainsi donc, rendons-nous sur-le-champ à l’église.

POLIDOR.

— Fi ! Ferando, pas ainsi habillé ! par pudeur ! — Viens dans ma chambre et là tu choisiras pour toi — entre vingt costumes que je n’ai jamais mis.

FERANDO.

— Assez, Polidor j’ai, pour satisfaire mes caprices, — autant de costumes merveilleux — que n’importe qui à Athènes, j’en ai d’aussi richement ouvrés — que la massive simarre qui ornait récemment — le majestueux légat du roi de Perse, — et entre tous, voici celui que j’ai choisi.

ALFONSO.

— De grâce, Ferando, laisse-moi te supplier — avant que tu ailles à l’église avec nous, — de mettre un autre costume sur tes épaules.

FERANDO.

— Non, pour l’univers entier, quand je pourrais l’obtenir à ce prix. — Ainsi donc prenez-moi ainsi, on ne me prenez pas.

Entre Catherine.
FERANDO.

— Mais doucement, voici ma Cateau qui vient. — Il faut que je la salue… Comment va mon aimable Cateau — Eh bien, es-tu prête ? Irons-nous à l’église ?

CATHERINE.

— Je n’irai pas avec un écervelé, si ignoblement vêtu ! — Moi épouser un gueux aussi sale ! — Il semblerait qu’il est sujet à perdre l’esprit, — autrement il ne se serait pas ainsi présenté à nous.

FERANDO.

— Bah ! Cateau, ces paroles ne font qu’ajouter à mon amour pour toi, — et je ne t’en trouve que plus charmante — Suave Cateau, tu es plus adorable que la robe de pourpre de Diane, — plus blanche que la neige de l’Apennin — ou que la barbe glacée qui croit au menton de Borée — Beau-père, j’en jure par le bec d’or d’Ibis, — ma bonne Cateau est plus belle et plus radieuse — que le Xanthe argenté étreignant — le Simoïs vermeil au pied de l’Ida — Ne t’inquiète pas de mon costume, suave Cateau, — tu auras des robes de soie médique, — lamées de pierres précieuses rapportées de loin — par les marchands italiens qui avec des proues russes — labourent d’immenses sillons dans la mer thyrrhénienne ! — Viens donc doux amour et