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PEINES D'AMOUR PERDUES.

LE ROI, à la princesse.

— Pour notre grossière offense enseignez-nous, chère madame, — quelque belle excuse.

LA PRINCESSE.

La meilleure est un aveu. — N’étiez-vous pas ici déguisé il n’y a qu’un moment ?

LE ROI.

— Oui, madame.

LA PRINCESSE.

Et vous aviez toute votre réflexion ?

LE ROI.

— Qui, belle madame.

LA PRINCESSE.

Eh bien, quand vous étiez ici, — qu’est-ce donc que vous disiez tout bas à l’oreille de votre dame ?

LE ROI.

— Que je l’estimais plus que le monde entier.

LA PRINCESSE.

— Quand elle vous prendra au mot, vous la repousserez.

LE ROI.

— Sur mon honneur, non.

LA PRINCESSE.

Paix, paix ! arrêtez ! — Après un serment déjà violé, vous ne répugnez plus à vous parjurer.

LE ROI.

— Méprisez-moi, si je viole ce serment-là.

LA PRINCESSE.

— Je vous mépriserais certainement : tenez-le donc… Rosaline, — qu’est-ce que le Russe t’a dit tout bas à l’oreille ?

ROSALINE.

— Madame, il m’a juré que je lui étais aussi chère — que sa précieuse prunelle ; qu’il me mettait — au-dessus