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SCÈNE VIII.

CATHERINE.

— Oh ! vous ne m’avez pas pesée ! vous ne pouvez donc m’estimer.

ROSALINE.

— Par une bonne raison : c’est que vous êtes inestimable !

LA PRINCESSE.

— Bien lancé ! vous maniez bien la raquette de l’esprit. — Mais dites-moi, Rosaline, vous avez aussi un cadeau : — qui vous l’a envoyé ? Et qu’est-ce donc ?

ROSALINE.

Vous allez le savoir. — Si j’étais aussi brillante que vous, — j’aurais reçu des dons égaux aux vôtres : regardez ceci.

Elle montre un bijou.

— J’ai aussi des vers dont je remercie Biron. — Le nombre en est juste ; et si l’évaluation l’était également, — je serais la plus belle divinité de la terre : — à moi seule je vaux vingt mille belles. — Oh ! on y fait de moi un portrait !

LA PRINCESSE.

Est-il exact !

ROSALINE.

— Oui, dans les lettres de mon nom ; non, dans la description de ma personne.

LA PRINCESSE.

— Vous êtes donc belle comme de l’encre. La conclusion est juste.

CATHERINE.

— Blanche comme un grand R dans un manuscrit.

ROSALINE.

— Gare à la peinture ! Je ne veux pas mourir votre débitrice, — ma rouge majuscule, ma chère lettre d’or ! — Oh ! quel malheur que votre visage soit si plein d’O ! (46).