Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1869, tome 6.djvu/395

Cette page a été validée par deux contributeurs.
397
SCÈNE VI.

BIRON.

— Oh ! quand les rues seraient pavées de tes yeux, — ses pieds seraient encore trop délicats pour une chaussée pareille.

DU MAINE.

— Oh fi ! pour peu qu’elle fît un pas sur un tel pavé, — elle se ferait voir à toute la rue comme si elle marchait sur la tête

LE ROI.

— Mais à quoi bon cette discussion ? Ne sommes-nous pas tous amoureux ?

BIRON.

— Oh ! certainement, et par conséquent tous parjures.

LE ROI.

— Laissons donc là ce verbiage ; et toi, bon Biron, prouve-nous — que notre amour est légitime et que notre foi n’est pas violée.

DU MAINE.

— C’est cela, morbleu… Vite un palliatif pour notre faute.

LONGUEVILLE.

— Oh ! un argument pour autoriser notre conduite ! — un sophisme, une argutie à attraper le diable !

DU MAINE.

— Quelque baume pour le parjure !

BIRON.

Oh ! nous en avons plus qu’il n’en faut ! — Attention donc, hommes d’armes de l’amour ! — Considérez ce que vous aviez juré : — jeûner, étudier et ne pas voir de femme ! — Autant d’attentats notoires contre la royauté de la jeunesse. — Dites-moi, pouvez-vous jeûner ? Vos estomacs sont trop jeunes, — et l’abstinence engendre les maladies. — En jurant d’étudier, messeigneurs, — chacun de vous a abjuré le vrai livre. — Pouvez-vous mé-