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SCÈNE II.
qui convient à votre âge antique que nous pouvons qualifier de raide.
ARMADO.

Joli et à propos !

PHALÈNE.

Qu’entendez-vous par là, monsieur ? Est-ce moi qui suis joli et ma répartie à propos ? Ou moi qui suis à propos, et ma répartie jolie ?

ARMADO.

Tu es joli, parce que tu n’es pas grand.

PHALÈNE.

Je ne suis pas grandement joli, puisque je ne suis pas grand. Mais pourquoi à propos ?

ARMADO.

Parce que tu es vif.

PHALÈNE.

Dites-vous cela à mon éloge, maître ?

ARMADO.

À ton digne éloge.

PHALÈNE.

Je pourrais faire le même éloge d’une anguille.

ARMADO.

Comment tu dirais qu’une anguille est ingénieuse ?

PHALÈNE.

Je dirais qu’elle est vive.

ARMADO.

J’ai voulu dire que tu es vif à la réplique. Tu m’échauffes le sang.

PHALÈNE.

Je me le tiens pour dit.

ARMADO.

Je n’aime pas qu’on me manque.

PHALÈNE, à part.

Ce n’est pas moi qui te manque, c’est l’argent.