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SCÈNE I.

LE ROI, prenant la lettre.

Une lettre du magnifique Armado !

BIRON.

Quelque mince qu’en soit le sujet, je compte, mon Dieu, sur de grands mots.

LONGUEVILLE.

Espoir bien grand pour un résultat bien mince ! Dieu nous accorde la patience !

BIRON.

D’écouter ou de ne pas rire ?

LONGUEVILLE.

D’écouter patiemment, monsieur, et de rire modérément, ou de nous abstenir de l’un et de l’autre.

BIRON.

Ah ! monsieur, tout dépendra de la hauteur à laquelle son style emportera notre gaieté.

TROGNE, au Roi.

La chose me regarde, seigneur, ainsi que Jacquinette. Le fait est que j’ai été pris sur le fait.

BIRON.

Sur quel fait ?

TROGNE.

Le fait monsieur, le voici en trois points : j’ai été vu assis près d’elle sous le faîte de la maison, sur le point… de l’embrasser, puis surpris à la suivre dans le parc, et l’affaire a donné lieu au rapport suivant. Voilà, monsieur, toute l’affaire ; or l’affaire de l’homme, c’est de parler à la femme ; quant au rapport…

BIRON.

Quel sera-t-il pour toi ?

TROGNE.

Je le saurai par ma correction. Dieu protège le bon droit !

LE ROI.

Voulez-vous écouter cette lettre avec attention ?