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SCÈNE I.

LE ROI.

— Vous avez fait le vœu de toutes ces abstinences.

BIRON.

— Daignez me permettre de dire que non, mon suzerain. — J’ai seulement juré d’étudier avec Votre Grâce — et de rester ici à votre cour l’espace de trois ans.

LE ROI.

— Vous avez juré cela, Biron, comme tout le reste.

BIRON.

— Oui et non, sire ; je n’ai juré que par plaisanterie. Quel est le but de l’étude ? Apprenez-le moi.

LE ROI.

— Eh bien, c’est de savoir ce qu’autrement nous ne saurions pas.

BIRON.

— Vous voulez dire les choses cachées et interdites à la sensation ordinaire, n’est-ce pas ?

LE ROI.

— Oui, c’est-là la divine récompense de l’étude.

BIRON.

— Eh bien, soit ! je veux bien jurer d’étudier — pour connaître la chose qu’il m’est interdit de savoir. — Par exemple, je jure d’étudier à bien dîner, — quand la bonne chère me sera expressément défendue, — ou d’étudier à découvrir une maîtresse mignonne, — quand les maîtresses seront interdites à la sensation ordinaire ; — ou enfin, ayant fait un serment trop dur à tenir, — d’étudier à le briser sans manquer à ma foi. — Si tel est le bénéfice de l’étude, s’il est vrai que, l’étude est la connaissance de ce que nous ignorons, — faites-moi prêter serment, et jamais je ne me rétracterai !

LE ROI.

— Vous citez là toutes les distractions qui entravent