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SCÈNE XIII.

DIANA.

On dit que le comte français a rendu les plus honorables services.

LA VEUVE.

Le bruit court qu’il a fait prisonnier le général ennemi, et que de sa propre main il a tué le frère du duc. Nous avons perdu notre peine ; ils ont pris une route opposée. Écoutez ! vous pouvez le reconnaître aux sons de leurs trompettes.

MARIANA.

Allons, retournons chez nous et contentons-nous du récit qu’on nous en fera. Croyez-moi, Diana, tenez-vous en garde contre ce comte français. L’honneur d’une vierge est son titre, et il n’est pas d’héritage aussi riche que la vertu.

LA VEUVE.

J’ai dit à ma voisine comment vous avez été sollicitée par un gentilhomme qui l’accompagne.

MARIANA.

Je connais ce faquin ; peste soit de lui ! un certain Paroles, le sale agent des intrigues du jeune comte… Défiez-vous d’eux, Diana ; avec eux les promesses, les avances, les serments, les cadeaux ne sont que des engins de luxure dissimulés sous d’autres noms. Plus d’une fille a été séduite par eux ; et le malheur est que l’exemple si terrible de la virginité naufragée ne peut empêcher de nouvelles victimes de venir se prendre à la glu qui les menace. Je n’ai pas besoin, j’espère, de vous en dire davantage ; mais la grâce que vous possédez vous gardera, j’espère, où vous êtes, quand vous ne courriez d’autre danger que la perte de votre modestie.

DIANA.

Vous n’avez rien à craindre pour moi.