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SCÈNE X.

Elle lit.

« Quand tu auras obtenu l’anneau que je porte à mon doigt et qui ne le quittera jamais ; quand tu me montreras un enfant né de tes entrailles et dont je serai le père ; alors appelle-moi ton mari ; mais cet alors, je le nomme jamais. »

— Voilà une terrible sentence !

LA COMTESSE.

— Est-ce vous qui avez apporté cette lettre, messieurs ?

PREMIER GENTILHOMME.

Oui, madame ; — et, en raison de son contenu, nous regrettons nos peines.

LA COMTESSE.

— Je t’en prie, chère dame, reprends courage ; — en accaparant toutes tes douleurs à toi seule, — tu m’en dérobes la moitié. Il était mon fils ; — mais je rature son nom de ma race, — et tu es désormais mon unique enfant… C’est à Florence qu’il va ?

DEUXIÈME GENTILHOMME.

— Oui, madame.

LA COMTESSE.

Pour être soldat ?

DEUXIÈME GENTILHOMME.

— Telle est sa noble intention ; et croyez-moi, — le duc lui conférera tous les honneurs — que réclame son rang.

LA COMTESSE.

Retournez-vous là-bas ?

PREMIER GENTILHOMME.

— Oui, madame, sur l’aile de la plus rapide diligence.

HÉLÈNE, lisant.

« Jusqu’à ce que je n’aie plus de femme, la France ne me sera rien ! »

— C’est bien amer !