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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.
cueillir de leurs soins d’autre avantage que la perte de toute espérance avec le temps.
LA COMTESSE, montrant Hélène.

Cette jeune dame avait un père… oh ! avait ! quel triste souvenir éveille ce mot !… chez qui la science était presque égale à la probité ; si elle l’avait été tout à fait, il aurait rendu la nature immortelle, et la mort, faute d’ouvrage, aurait eu vacance. Plût à Dieu que, pour le salut du roi, il fût encore vivant ! Je crois que la maladie du roi serait déjà morte.

LAFEU.

Comment appelez-vous l’homme dont vous parlez, madame !

LA COMTESSE.

Il était fameux, messire, dans sa profession, et il l’était à bien juste titre : Gérard de Narbonne !

LAFEU.

En effet, madame c’était un homme supérieur ; le roi parlait de lui tout récemment avec une admiration et un regret profonds ; grâce à son talent, il vivrait encore, si la science pouvait s’opposer à la mortalité.

BERTRAND.

Quel est le mal, mon bon seigneur, qui fait languir le roi ?

LAFEU.

Une fistule, monseigneur.

BERTRAND.

C’est la première fois que j’en entends parler.

LAFEU.

La chose n’est que trop notoire… Est-ce que cette dame est la fille de Gérard de Narbonne ?

LA COMTESSE.

Son unique enfant, monseigneur, et il l’a léguée à mes soins. J’attends d’elle le bel avenir que son éduca-