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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE.

Rentre Gremio.

— Signor Gremio, venez-vous de l’église ?

GREMIO.

— Oui, et d’aussi bon cœur que je suis jamais revenu de l’école.

TRANIO.

Le marié et la mariée s’en reviennent-ils ?

GREMIO.

— Le marié, dites-vous ? C’est plutôt un palefrenier, — un palefrenier fort brutal ; la pauvre fille ne le verra que trop.

TRANIO.

— Est-il plus intraitable qu’elle ? Ah, c’est impossible.

GREMIO.

— Lui ! c’est un diable, un diable, un vrai démon.

TRANIO.

— Eh bien, elle, c’est une diablesse, une diablesse, la femme du diable !

GREMIO.

— Bah ! elle n’est qu’un agneau, une colombe, une niaise à côté de lui. — Je vais vous dire, messire Lucentio. Quand le prêtre — lui a demandé s’il voulait Catharina pour femme : — Oui, sacredieu ! s’est-il écrié avec une telle imprécation que, tout ébahi, le prêtre a laissé tomber son livre ; — puis, comme il se baissait pour le ramasser, — ce fou furieux d’époux lui a porté un tel horion — que prêtre et livre, livre et prêtre sont tombés par terre. — À présent, a-t-il ajouté, les ramasse qui voudra !

TRANIO.

— Et qu’a dit la pauvrette quand le prêtre s’est relevé ?

GREMIO.

— Elle tremblait, elle frissonnait, tandis que l’autre