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SCÈNE III.

PETRUCHIO.

Alors montrez-le moi.

CATHARINA.

Ah ! si j’avais un miroir !

PETRUCHIO.

— Vous voulez dire que vous me montreriez mon visage !

CATHARINA.

— Pas mal deviné pour un si jeune gars !

PETRUCHIO.

— Par saint Georges, décidément je suis trop jeune pour vous.

CATHARINA.

— Vous êtes pourtant bien flétri.

PETRUCHIO, lui prenant la taille.

— Ce sont les soucis.

CATHARINA, essayant de se dégager.

— Je ne m’en soucie guère.

PETRUCHIO, la retenant.

— Voyons, écoutez-moi, Cateau ; en vérité, vous ne vous échapperez pas ainsi.

CATHARINA.

— Je vais vous exaspérer, si je reste ; laissez-moi.

PETRUCHIO.

— Non, pas du tout. Je vous trouve plus que gentille. — On m’avait dit que vous étiez brusque, et morose, et hargneuse, — et je vois que tous ces récits étaient menteurs ; — car tu es charmante, enjouée, plus que courtoise ; — tu as la parole lente, mais suave comme une fleur de printemps, — tu ne sais pas faire la moue, tu ne sais pas regarder de travers, — ni te mordre la lèvre, comme font les filles en colère, — tu ne prends point plaisir à contredire ; — mais tu accueilles tes soupirants avec douceur, — avec un langage gracieux, caressant et