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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE.

Entre Catharina.

— Bonjour, Cateau ; car c’est votre nom, m’a-t-on dit.

CATHARINA.

— Vous avez entendu, mais un peu de travers ; — ceux qui parlent de moi me nomment Catharina.

PETRUCHIO.

— Vous vous trompez, sur ma parole : car on vous appelle Cateau tout court, — la bonne Cateau, et parfois la hargneuse Cateau, — mais enfin Cateau, la plus jolie Cateau de la chrétienté, — Cateau de la halle aux gâteaux, ma friande Cateau, — car qui dit gâteau dit friandise ; Cateau, — ma consolation, Cateau, écoute-moi ! Ayant entendu dans toutes les villes vanter ta douceur, — célébrer tes vertus et chanter ta beauté, — bien moins cependant qu’elles ne le méritent, — j’ai été porté à te rechercher pour femme.

CATHARINA.

— Porté !… à merveille ! Eh bien, que le diable qui vous a porté — vous remporte ! Vous m’avez tout de suite eu l’air — d’un meuble transportable.

PETRUCHIO.

— Qu’est-ce à dire, d’un meuble ?

CATHARINA.

— Oui, d’une chaise percée !

PETRUCHIO.

— Tu as dit juste : assieds-toi donc sur moi.

CATHARINA.

— Les ânes sont faits pour porter, et vous aussi.

PETRUCHIO.

— Les femmes sont faites pour porter, et vous aussi.

CATHARINA.

— Je ne suis pas la rosse qui vous portera, si c’est moi que vous avez en vue.