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SCÈNE VII.

ROMÉO.

Je te prends au mot ! — Appelle-moi seulement ton amour, et je reçois un nouveau baptême : — désormais je ne suis plus Roméo.

JULIETTE.

— Quel homme es-tu, toi qui, ainsi caché par la nuit, viens de te heurter à mon secret ?

ROMÉO.

Je ne sais — par quel nom t’indiquer qui je suis. — Mon nom, sainte chérie, m’est odieux à moi-même, — parce qu’il est pour toi un ennemi : — si je l’avais écrit là, j’en déchirerais les lettres.

JULIETTE.

— Mon oreille n’a pas encore aspiré cent paroles — proférées par cette voix, et pourtant j’en reconnais le son. — N’es-tu pas Roméo et un Montague ?

ROMÉO.

— Ni l’un ni l’autre, belle vierge, si tu détestes l’un et l’autre.

JULIETTE.

— Comment es-tu venu ici, dis-moi ? et dans quel but ? — Les murs du jardin sont hauts et difficiles à gravir. — Considère qui tu es : ce lieu est ta mort, — si quelqu’un de mes parents te trouve ici.

ROMÉO.

— J’ai escaladé ces murs sur les ailes légères de l’amour : — car les limites de pierre ne sauraient arrêter l’amour, — et ce que l’amour peut faire, l’amour ose le tenter ; — voilà pourquoi tes parents ne sont pas un obstacle pour moi.

JULIETTE.

— S’ils te voient, ils te tueront.

ROMÉO.

— Hélas ! il y a plus de péril pour moi dans ton regard