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NOTES.

Les fêtes de Harefield durèrent trois jours et coûtèrent environ 10,000 livres (250,000 francs de notre monnaie).

La loterie dont il s’agit ici était une galanterie faite aux femmes qui avaient été conviées à ces fêtes. Il paraîtrait qu’un arbre artificiel avait été dressé, portant à des branches des cœurs d’or et d’argent en guise de fruits. Chaque dame qui gagnait à la tombola cueillait un de ces fruits, l’ouvrait et y trouvait un quatrain à l’éloge de sa beauté. On a conservé la copie de ces madrigaux que se partagèrent toutes les heureuses, lady Derby, lady Huntingdon, lady Hunsdon, lady Berkeley, lady Stanhope, lady Compton, lady Fielding, mesdames Gresley, Packington, K. Fischer, Saycheverell, M. Fischer, Davers et Egerton. Ces madrigaux sont signés W. S K., et, comme le K, légèrement tremblé a un peu l’apparence d’un H, quelques archéologues ont cru reconnaître les initiales de William Shakespeare. Je ne puis, pour ma part, adopter cette opinion, et attribuer à l’auteur d’Othello ces devises dont nos mirlitons ne voudraient pas. Pour l’édification de nos lecteurs, je traduis ici les deux premières.

À LADY DERBY.

Comme ce vœu est sans fin, infinie soit votre joie !
Faites cas du souhait et non du brimborion qui le contient !
Que, pour un bonheur passé, Dieu vous en envoie sept,
Et à la fin les joies infinies du ciel !

À LADY HUNSDON.

Hélas ! votre fortune devrait être meilleure.
Votre serviteur sera toujours votre débiteur.
Puisque rien n’égale vos mérites,
Acceptez le cœur fidèle de votre serviteur.

Comment le plus grand poëte de la Renaissance aurait-il pu commettre ces quatrains-là ?

Une découverte qui me paraît bien plus intéressante et dont nous devons remercier M. Collier, c’est celle de la ballade anonyme qu’inspira la représentation d’Othello à quelque ménestrel contemporain de Shakespeare. Je traduis ici cette ballade, parce qu’elle me paraît rendre d’une manière originale l’impression de la foule qui se pressait au théâtre de notre poëte, et aussi parce qu’elle contient