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SCÈNE III.

Entrent Desdémona, Iago et les officiers de l’escorte.
LE DOGE.

— Il me semble qu’une telle histoire séduirait ma fille même. — Bon Brabantio, — réparez aussi bien que possible cet éclat. — Il vaut encore mieux se servir d’une arme brisée — que de rester les mains nues.

BRABANTIO.

De grâce, écoutez-la ! — Si elle confesse qu’elle a fait la moitié des avances, — que la ruine soit sur ma tête si mon injuste blâme — tombe sur cet homme !… Approchez, gentille donzelle ! — Distinguez-vous dans cette noble compagnie — celui à qui vous devez le plus d’obéissance ?

DESDÉMONA.

Mon noble père, — je vois ici un double devoir pour moi. — À vous je dois la vie et l’éducation, — et ma vie et mon éducation m’apprennent également — à vous respecter. Vous êtes mon seigneur selon le devoir… — Jusque-là je suis votre fille.

Montrant Othello.

Mais voici mon mari ! — Et autant ma mère montra de dévouement — pour vous, en vous préférant à son père même, — autant je prétends en témoigner — légitimement au More, mon seigneur.

BRABANTIO.

— Dieu soit avec vous ! J’ai fini.

Au doge.

— Plaise à votre Grâce de passer aux affaires d’État… Que n’ai-je adopté un enfant plutôt que d’en faire un !…

À Othello.

— Approche, More. Je te donne de tout mon cœur ce