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CYMBELINE.
ne sais ce que je dis : — beaucoup, qui ne songent pas à la fortune et qui ne la méritent pas, — sont pourtant accablés de ses faveurs, comme moi, — qui ai eu ce songe doré sans savoir pourquoi !…
Mettant la main sur sa poitrine.

— Quelles fées hantent ces lieux ? un livre ! Oh ! splendide ! — Qu’il ne soit pas, selon la mode de ce monde, plus beau au dehors — qu’au dedans ; que, — bien différent de nos courtisans, — il tienne ce qu’il promet !

Il lit.

« Quand un lionceau, inconnu à lui-même, trouvera sans le chercher un souffle d’air tendre qui l’embrassera, et quand des rameaux, détachés d’un cèdre auguste, et morts depuis longues années, revivront pour être réunis à leur antique souche et reverdir de nouveau ; alors les misères de Posthumus seront terminées, la Bretagne sera heureuse et fleurira dans l’abondance et dans la paix. »

— Ceci est encore un rêve ou quelque absurdité, comme les fous — en profèrent sans y réfléchir. De deux choses l’une : — ou ce livre n’a pas de sens, ou il est — inexplicable à notre sens. En cela, — il est comme ma vie même ; — je veux le garder, ne fût-ce que par sympathie.

Entre le Geolier.
LE GEÔLIER.

— Allons, monsieur, êtes-vous prêt pour la mort ?

POSTHUMUS.

Presque trop cuit, mon cher ! je suis prêt depuis longtemps.

LE GEÔLIER.

Il ne s’agit que de vous pendre, monsieur ; si vous êtes prêt pour ça, vous êtes à point.

POSTHUMUS.

Eh bien, si je suis un bon repas pour les spectateurs, le plat aura payé le coup.