Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 5.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.
177
SCÈNE XX.
ici que moi-même, et, que je meure, — le larcin n’est pas grand !
GUIDÉRIUS.

Je t’aime ; je t’ai dit — de quel grand amour ; il égale — celui que j’ai pour mon père.

BÉLARIUS, à Guidérius.

Quoi ! que dis-tu ? que dis-tu ?

ARVIRAGUS, à Bélarius.

— Si c’est pécher que de parler ainsi, monsieur, je m’accouple — à la faute de mon cher frère. Je ne sais pourquoi — j’aime ce jeune homme ; je vous ai ouï dire — que la raison de l’amour est sans raison. Eh bien, qu’il y ait une bière à la porte — et qu’on me demande qui doit mourir, je répondrai : — « Mon père, et non pas ce jeune homme ! »

BÉLARIUS, à part.

Ô noble élan ! — Ô dignité de nature ! grandeur de race ! — Les lâches enfantent les lâches ; à être vil engeance vile. — La nature a partout la farine et le son, le rebut et la fleur. — Je ne suis pas leur père ; mais cet inconnu, par quel miracle l’aiment-ils plus que moi ?

Haut.

Il est neuf heures du matin.

ARVIRAGUS, à Imogène.

Frère, adieu.

IMOGÈNE.

— Bonne chasse !

ARVIRAGUS.

Bonne santé !…

À Bélarius.

À vos ordres, monsieur !

Bélarius, Arviragus et Guidérius causent à voix basse.
IMOGÈNE, à part.

— Voilà de bienfaisantes créatures ! Dieux, que de