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SCÈNE VII.

LÉONTE.

Va ! va ! tu ne saurais en trop dire. J’ai mérité — de toutes les bouches les plus amères paroles.

PREMIER SEIGNEUR, à Pauline.

N’en dites pas davantage ; — quoi qu’il soit arrivé, vous vous êtes mise en faute — par la hardiesse de votre langage.

PAULINE.

J’en suis fâchée : — toutes les fautes que je fais, quand je viens à les connaître, — je m’en repens. Hélas ! j’ai trop montré — l’exaltation d’une femme.

Montrant Léonte.

Il est atteint — au plus noble du cœur… Ce qui est passé, ce qui n’est plus réparable, — ne devrait plus être regrettable. Ne vous affligez pas — de mes harangues, je vous en conjure ; — punissez-moi plutôt de vous avoir rappelé — ce que vous devez oublier. Ah ! mon bon suzerain, — sire, royal seigneur, pardonnez à une folle. — L’amour que je portais à la reine… Là ! me voilà folle encore ! — Je ne vous parlerai plus d’elle ni de vos enfants ; — je ne vous rappellerai pas non plus mon noble mari — qui est perdu, lui aussi ! Appelez à vous toute votre patience, — et je ne dirai plus rien.

LÈONTE.

Tu n’as que bien parlé, — en me disant la vérité ; et je l’accueille plus volontiers — que ta pitié. Je t’en prie, conduis-moi — près des corps morts de ma femme et de mon fils. — Tous deux n’auront qu’une seule tombe ; et, inscrites au-dessus d’eux, — les causes de leur mort apparaîtront pour — ma perpétuelle honte. Une fois par jour je visiterai — la chapelle où ils reposeront ; et les larmes que j’y verserai, — seront ma consolation. Aussi longtemps que la nature — me le permettra, — je jure