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LE CONTE D’HIVER.

ANTIGONE.

Monseigneur, je lui avais défendu, — sous la menace de votre déplaisir et du mien, de se présenter devant vous.

LÉONTE.

Quoi, n’as-tu pas pouvoir sur elle ?

PAULINE, au roi.

— Oui, pour m’interdire le mal ; mais ici, — à moins qu’il n’ait recours au même moyen que vous, — et qu’il ne me commette au geôlier pour avoir commis le bien, soyez-en sûr, — il n’aura pas de pouvoir sur moi.

ANTIGONE.

Eh bien, vous l’entendez ! — Quand elle prend le mors aux dents, je la laisse courir ; — allez, elle ne bronchera pas !

PAULINE, au roi.

Mon bon suzerain, je viens… — (et je vous conjure de m’écouter, moi qui me présente à vous — comme votre loyale servante, comme votre médecin, — comme votre plus humble conseiller, mais qui, — tout en soulageant vos maux, n’ose faire parade de son zèle — autant que ceux qui vous semblent les plus dévoués ;) je viens, dis-je, — de la part de votre vertueuse reine.

LÉONTE.

Vertueuse reine !

PAULINE.

— Vertueuse reine, monseigneur, vertueuse reine : je dis vertueuse reine ! — Et je voudrais prouver sa vertu, les armes à la main, si j’étais — un homme, le dernier de vous tous !

LÉONTE.

Chassez-la d’ici !

PAULINE.

— Que celui qui fait bon marché de ses yeux, — mette