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SCÈNE V.

Un pied à la mer, un pied sur la rive.
Jamais fidèles à la même chose !
Donc ne soupirez plus,
Et laissez-les aller.
Soyez pimpantes et gaies.
Finissez tous vos airs lugubres
En tra la la !
Ne chantez plus, non, ne chantez plus
D’élégies si tristes, si pénibles.
La fraude des hommes fut toujours la même.
Depuis la feuille du premier été.
Donc ne soupirez plus, etc.

DON PEDRO.

Sur ma parole, voilà une bonne chanson.

BALTHAZAR.

Et un mauvais chanteur, mon prince.

DON PEDRO.

Oh ! non ! non, vraiment : tu chantes assez bien pour un amateur.

Il cause à voix basse avec Claudio.
BÉNÉDICT, à part.

Si un chien avait hurlé ainsi, on l’aurait pendu : je prie Dieu que ce vilain chant ne présage pas de malheur. J’aurais autant aimé entendre la chouette, quelque désastre qui s’en fût suivi.

DON PEDRO, à Claudio.

Bonne idée, pardieu !… Écoute-moi, Balthazar. Procure-nous, je te prie, un excellent orchestre ; car demain soir nous voulons le faire jouer sous la fenêtre de madame Héro.

BALTHAZAR.

Je ferai de mon mieux, seigneur.

DON PEDRO.

C’est bon ; adieu.

Balthazar et les musiciens sortent.