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BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN.
mais alors il y avait une étoile qui dansait, et c’est sous cette étoile que je suis née… Cousins, Dieu vous tienne en joie !
LÉONATO.

Nièce, voudrez-vous veiller à ce que je vous ai dit ?

BÉATRICE.

Ah ! je vous demande pardon, mon oncle…

À Don Pedro.

Votre grâce m’excusera.

Elle sort.
DON PEDRO.

Voilà, sur ma parole, une femme de plaisante humeur.

LÉONATO.

L’élément mélancolique existe peu en elle, monseigneur ; elle n’est jamais sérieuse que quand elle dort, et même alors elle ne l’est pas toujours : car j’ai ouï dire à ma fille que souvent Béatrice, au milieu d’un mauvais rêve, se réveillait avec des éclats de rire.

DON PEDRO.

Elle ne peut pas souffrir qu’on lui parle de mari.

LÉONATO.

Oh ! pas du tout. La moqueuse décourage tous ses galants.

DON PEDRO.

Ce serait une excellente femme pour Bénédict.

LÉONATO.

Seigneur Dieu ! Monseigneur, ils ne seraient pas mariés depuis huit jours qu’ils se chamailleraient à devenir fous.

DON PEDRO.

Comte Claudio, quand entendez-vous aller à l’église ?

CLAUDIO.

Demain, monseigneur. Le temps marche sur des béquilles, jusqu’à ce que l’amour ait vu tous ses rites accomplis.