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BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN.
et maintenant il n’en reste qu’un pour gouverner tout l’homme. Si celui-là suffit pour lui tenir chaud, qu’il le garde comme une distinction entre lui et son cheval ! car c’est le seul insigne qu’il ait encore pour être reconnu créature raisonnable. Qui donc est son compagnon à présent ? il a tous les mois un nouveau frère d’armes !
LE MESSAGER.

Est-il possible ?

BÉATRICE.

Très-aisément possible. Il porte sa foi comme son chapeau : la façon en change toujours avec la mode nouvelle.

LE MESSAGER.

Je vois, madame, que ce gentilhomme n’est pas dans vos papiers.

BÉATRICE.

Non ! S’il y était, je brûlerais mon bureau. Mais, dites-moi, qui est son compagnon ? En a-t-il trouvé un plus pointu qui veuille faire avec lui un voyage chez le diable ?

LE MESSAGER.

Il est le plus souvent dans la compagnie du très-noble Claudio.

BÉATRICE.

Ô mon Dieu ! il s’attachera à lui comme une maladie : il est plus vite gagné que la peste, et le gagnant perd immédiatement la tête. Dieu garde le noble Claudio ! S’il a attrapé le Bénédict, il lui en coûtera mille livres avant d’être guéri !

LE MESSAGER.

Je tâcherai d’être de vos amis, madame.

BÉATRICE.

Tâchez, mon bon ami.